En raison des mesures de confinement, le marché de l’immobilier est totalement à l’arrêt. Nous avons demandé à Eric Allouche, Directeur exécutif du réseau immobilier ERA de nous décrire la situation actuelle, et la manière dont il envisage la sortie de crise.

Avec les décisions de confinement prises par le gouvernement, le marché de l’immobilier est à l’arrêt. Que se passe-t-il dans vos agences ?

Il est effectivement très compliqué aujourd’hui de visiter des appartements ou des maisons. Cela reste possible en théorie, mais les visites doivent avoir lieu sous la responsabilité du directeur de l’agence, le chef d’entreprise, ou dans d’autres cas de figure, des agents commerciaux. Faut-il encore avoir l’autorisation des propriétaires.

Cette situation est totalement inédite. En 2008, au moment de la crise financière, l’activité tournait au ralenti mais nous pouvions exercer notre métier. Là, le travail sur le terrain est totalement arrêté, je n’ai jamais connu une telle situation. Ce qui ne nous empêche pas de continuer à travailler à distance et à préparer la sortie de crise : nos agents en profitent pour mettre à jour leurs fichiers clients, et nous avons organisé des sessions de formation à distance (2 par jour) pour tout le réseau.

Quels comportements doivent adopter les ménages qui venaient de mettre en vente leurs biens ?

Pour les ménages qui ont déjà vendu leurs biens, et qui se trouvent dans l’obligation de trouver un nouveau bien assez vite, ils continuent de rechercher activement. Les visites peuvent être virtuelles dans un premier temps via l’envoi de photos ou de vidéos. Le travail continue à distance, même si les agences sont fermées.

Il est toujours possible d’avoir des contacts, mais il faut alors respecter l’ensemble des mesures imposées par le gouvernement.

L'immobilier est un actif tangible, contrairement aux valeurs mobilières. Sa valeur est intemporelle.

Quel scénario de sortie de crise envisagez-vous sachant que la France va rentrer en récession ?

Les fondamentaux du marché de l’immobilier restent bons.

En premier lieu, l’immobilier est un actif tangible, contrairement aux valeurs mobilières par exemple. Sa valeur est intemporelle, il répond à un besoin primaire pour les gens, qu’il s’agisse de location ou d’achat.

Les besoins sont là, et la demande devrait perdurer, même si la crise actuelle aura forcément un impact sur l’économie. A la condition évidemment que la crise sanitaire dure le moins longtemps possible. C’est pourquoi il faut faire preuve de civisme et respecter les mesures de confinement.

D’autre part, les taux d’intérêt vont rester bas. Les gouvernements et les autorités monétaires agissent dans ce sens, c’est primordial pour soutenir la conjoncture.

Quelle incidence cette situation peut-elle avoir sur les prix des biens immobiliers et le volume de transactions ?

Tout va dépendre de la durée de la crise sanitaire, de son impact sur l’économie réelle et par corollaire du chômage qui en découlera.

Le gouvernement a pris des mesures fortes pour atténuer le choc et pour que l’économie reparte vite. Si elles atteignent leur objectif, je ne suis pas trop inquiet sur la bonne tenue du marché immobilier. L’impact de la crise pourrait s’avérer mesuré. D’autant que, je le répète, les paramètres particuliers au marché de l’immobilier sont sains. Avant la crise, il n’y avait pas de bulle spéculative alimentée de l’extérieur. Comme cela a été le cas dans d’autres pays européens pendant la crise de 2008.

Les prix ne devraient pas chuter, à moins que la récession annoncée s’annonce profonde. Auquel cas, toute l’économie serait touchée et il est alors difficile de faire des prévisions.